Confusion de langue entre les adultes et l’enfant, Sándor Ferenczi

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La confusion des langues entre adultes et enfants, c’est justement une expérience précoce qui insuffle à l’enfant une culpabilité d’adulte, par un excès d’amour passionnel, à un moment de sa vie où il n’est pas en mesure d’y faire face.

                                                                       Ce texte comporte deux grandes parties, la première est plutôt axée sur les questions techniques et celle du transfert, la seconde interroge celle du trauma articulée au moyen des adultes de « s’attacher d’un enfant », il met en évidence l’articulation entre traumatisme en tant qu’il serait considéré comme un phénomène réel et extérieur et la formation de la névrose. Ferenczi écrit dans le post-scriptum de l’article : « Cette suite de réflexion ne fait qu’aborder de façon descriptive ce qu’il y a de tendre dans l’érotisme infantile, et ce qu’il y a de passionné dans l’érotisme adulte : elle laisse en suspens le problème de l’essence même de leur différence. »[1]

Ecrit en 1932, soit un an avant la mort de l’auteur, ce texte fait figure de testament, est indirectement destiné à Freud, ainsi vient mettre en tension un point de paradoxe entre Ferenczi et le père de la psychanalyse.  Là où pour Freud l’édification de sa théorie prend appuie sur le renoncement à sa neurotica, Ferenczi construit sa théorie en édifiant sa propre neurotica.  Le traumatisme devient pour Ferenczi le point d’encrage d’une théorie qui influencera la pratique psychanalytique. Luiz Eduardo Prado de Oliveira, dans son ouvrage : Sándor Ferenczi la psychanalyse autrement, publiée en 2011, hisse le psychanalyste hongrois au rang d’inspirateur des plus grands de la psychanalyse : Mélanie Klein, Michael Balint, Donald Winnicott et Jacques Lacan, ainsi, Ferenczi prend la place de chef de file d’une psychanalyse contemporaine et innovante.  Le texte que nous abordons aujourd’hui « Confusion de langue entre les adultes et l’enfant » fait partie des écrits majeurs de Sándor Ferenczi ayant modifié la pratique psychanalytique auprès des enfants, adolescents, psychotiques voir même des état-limites. Avant d’aborder le texte lui-même, penchons-nous en premier lieu sur l’homme, l’histoire de Sándor Ferenczi.

L’homme

Huitième d’une fratrie de douze enfants, Sándor Ferenczi fils préféré de son père est née en 1873 à Miskolcz dans le nord de la Hongrie.  C’est dans la librairie de son père qu’il grandit, de religion juive sa famille est d’origine Polonaise, il a alors à peine 6 ans que déjà se joue pour lui quelque chose de signifiant, son père fait magyariser leur patronyme pour le rendre Hongrois, ainsi Fraenkel devient Ferenczi. Sa mère est décrite comme une femme auster à laquelle il écrit des poèmes, point d’encrage d’un attachement débordant aux femmes qui le suivra toute sa vie. Il perd son père assez tôt, suffisamment pour que cela soit une épreuve pour le jeune homme de 15 ans qu’il est à ce moment-là. A 21 ans il est médecin, après des études à Vienne il s’installe à Budapest comme généraliste et neuropsychiatre, puis devient expert auprès des tribunaux. Il est l’analysant de Gustave Jung, fréquente Gizella Pàlos qui est de sept ans son ainée, ils se marieront qu’en 1919. Ferenczi rencontre Freud en 1908 pour s’en éloigner en 1928. Les deux hommes s’écrivent pendant de longues années, les échanges épistolaires portent sur des points théoriques et cliniques, très vite cette amitié se transforme en passion amicale, les deux hommes se fréquentent assidument, les Ferenczi rejoignent les Freud pour les vacances d’été.  En 1913 Sándor Ferenczi épaulé de Freud crée la société hongroise de psychanalyse. Se tisse entre les deux hommes une amitié débordante qui promet des orages de transfert.  Ferenczi sera analyser par Freud entre 1914 et 1919, les auteurs qualifie l’analyse entre Freud et Ferenczi d’analyse mutuelle, en partie épistolaire, elle comporte de nombreuse confidences réciproques sur leurs vies et leurs soucis. Après son analyse avec Freud, Ferenczi confirme un intérêt tout particulier pour la technique analytique et fonde la technique dite active dont le but est d’exercer une influence sur le patient.

Luiz Eduardo Prado de Oliveira, nous indique que la relation entre les deux hommes depuis leur analyse mutuelle ne cesse de se dégrader, pour vraiment prendre une réelle distance lors de la publication d’un ouvrage signé par Rank et Ferenczi : « perspective de la psychanalyse », cet ouvrage de 1924 traite de l’analyse active mis au point par Ferenczi, effectivement cette approche inclus des exhortations verbales de la part de l’analyste : interdits, encouragements dans l’objectif d’abaisser les résistances. Il semble au contraire que cette technique tendrait plutôt à les renforcer. Effectivement nous pouvons comprendre ce qui retient Freud, tant celle-ci s’éloigne de la position qu’occupe le psychanalyste à ce moment-là de la théorie freudienne. Parce que Freud à son début aura aussi été celui qui intervient beaucoup, et il restera actif à sa manière, ce qui lui sera reprocher. Cela est un point essentiel de l’ombrage que connait leur relation, mais nous pouvons penser que cette tranche d’analyse mutuelle, y a été aussi pour quelque chose. Si l’on ajoute à la dimension particulière de leur analyse mutuelle le fait que Freud a été l’analyste de la belle-fille de Ferenczi, Elma. Ferenczi lui-même était amoureux de celle-ci et l’amant de la mère de celle-ci, sachant que les deux psychanalystes échangeaient sur leurs pratiques et leurs vies respectives, sachant également que Freud posa un diagnostic hâtif de démence précoce au sujet d’Elma, qu’alors Ferenczi, à la demande de sa maîtresse, allonge sa future belle-fille sur son divan. Ajoutons à cela le fait qu’Ernest Jones a son tour sera analyser par Ferenczi alors que Freud se chargera de la maîtresse de Jones : Loe Kann, sorte de partage de couple faisant l’objet de leur séance d’analyse mutuelle. Nous avons là bien affaire à une sorte d’impasse, que constitue l’analyse mutuelle. En effet, il est manifeste que les deux hommes se soient retrouvés au cœur d’un mélimélo transférentiel et contre transférentiel parfaitement insoluble. Nous serions en droit de nous interroger sur la tendance qui était à l’origine de cette curiosité, une soif de savoir sur ce qui se passe dans le sacrosaint cabinet du maitre ou du disciple.  Ce point renforce et assoit la règle fondamentale de toutes cures analytiques qui interdit de prendre en analyse des patients qui sont aussi des membres de son entourage proche et familiale.

Son œuvre

Les travaux de Sándor Ferenczi auront marqué profondément le mouvement psychanalytique et c’est particulièrement avec son journal clinique dont l’édition posthume est une véritable mine d’or clinique et théorique. Ecrit dans les années 1930, ce journal connaîtra des difficultés a être publié tant il risquait de susciter de vives réactions au sein du mouvement psychanalytique. Michel Balint exécuteur testamentaire du psychanalyste Hongrois, fait un commentaire sur le parcours escarpé de cette publication dans l’introduction de celui-ci. Sándor Ferenczi est un pionnier en matière de transfert et de contre-transfert, il était très préoccupé par la question transférentielle et notamment celle du transfert négatif, dont il ne cessera de reprocher à Freud son hésitation à l’égard de celui-ci.  Simone Korof-Sausse dans la préface de : « Sándor Ferenczi ; le traumatisme », écrit : «  Ferenczi, lui, a fait du pôle contre-transférentiel le moteur de l’analyse, l’outil qui permet d’amener le patient à revivre le traumatisme subi, dont il ne subsiste, par définition, aucune trace mnésique, et cite l’auteur : « alors une nouvelle sorte de résolution, plus avantageuse, voire aussi durable, du traumatisme peut se produire »[2] Freud  dans « l’analyse  avec fin et l’analyse sans fin » de 1937 reprend le débat commencé avec Ferenczi et répond à celui-ci tout en s’inspirant des idées novatrice du hongrois, mais selon Simone Korof-Sausse, Freud passe à côté du transfert négatif parce qu’il n’est pas en mesure de tolérer le contre-transfert.

Ferenczi marque une avancée à propos de la question de la résistance il écrit dans son journal clinique : « Je devais sans cesse me poser la même question : est-ce que la cause de l’échec est toujours la résistance du patient, n’est-ce pas plutôt notre propre confort lui dédaigne de s’adapter aux particularités de la personne elle-même, sur le plan de la méthode »[3]. Cette conception du transfert préfigure la célèbre affirmation lacanienne selon laquelle la résistance se trouve invariablement du côté de l’analyste, Lacan affirme que : « la seule résistance à l’analyse est celle du psychanalyste ».[4]

L’existence même de la psychanalyse trouve son essence dans le concept de traumatisme. Freud après avoir attribué aux symptômes, notamment hystériques, un substrat traumatique issu d’une expérience réellement subie et vécue comme traumatisante, revient sur cette position. En 1896 il écrit page 57 de névroses, psychose et perversion dans l’article « étiologie des psychonévrose », cette effraction dans la psyché à une « action posthume d’un traumatisme sexuel ». Lors de cet excès de jouissance, se manifeste sous la forme d’un trop de plaisir sur un mode actif, ce mécanisme enclenche les mécanismes obsessionnels, alors que si cet excès de jouissance se manifeste sous la forme d’un trop de déplaisir sur un mode passif, cela abouti au déclenchement du mécanisme de l’hystérie.  Le trauma est ce à quoi le sujet est fixé comme sa vérité. Quelques années avant sa rencontre avec Dora, le fantasme est nommé dans une lettre à Fliess en 1897 la lettre du 6 avril « Le trait d’esprit qui me manquait dans la solution de l’hystérie, c’est la découverte d’une nouvelle source d’où procède un élément de la production inconsciente. Je veux parler des fantaisies hystériques, qui remontent régulièrement, comme je le constate, aux choses que les enfants ont entendues très tôt et comprises seulement après-coup. »[5] Nouvelle modalité de la rencontre traumatique qui n’est plus de l’ordre de la contingence, ces choses entendues de bonne-heure sans en connaître le sens ; le sexuel, lorsqu’il s’surgit n’est pas porteur de sens pour le sujet, les choses entendues font fiction traumatique dans la mesure où il y a absence du matériel, du savoir nécessaire. Freud présente le fantasme comme une source nouvelle d’où jaillissent les productions qui donnent un sens à ce qui reste foncièrement hors sens et agit le sujet à son issu. La question du fantasme ne pouvait que le conduire à renoncer à sa neurotica : La lettre du 21 septembre de la même année : « je ne crois plus à mes neuroticas… »[6] et invoque quatre causes principales qui l’ont mené à revoir la théorie du trauma. La première issue du constat qu’avec la théorie des traumas, il y avait beaucoup de pères agresseurs et pervers, la troisième révèle la conviction de Freud selon laquelle n’existe dans l’inconscient aucun indice de réalité, impossible de distinguer la vérité et la fiction lorsqu’elle est investie d’affecte. Avec l’hystérique il a été confronté pour la première fois à la question de la vérité. Freud aura donc abandonné la théorie de la réalité du trauma pour celle de la réalité psychique et se confronter au roc de la castration.

Ferenczi privilégie l’idée de la réalité du traumatisme ce qui lui fera dire qu’il s’agit d’: « Un choc inattendu, non préparé et écrasant, agit pour ainsi dire comme un anesthésique. Mais comment cela se produit-il ? Apparemment par l’arrêt de toute espèce d’activité psychique, joint à l’instauration d’un état de passivité dépourvue de toute résistance. La paralysie totale de la mobilité inclut aussi l’arrêt de (…) pensée. »[7] Ferenczi poursuit son propos en développant l’idée que le moi pour se défendre du traumatisme érige des mécanismes de défenses tels que la sidération et notamment, un concept nouveau qui sera repris dans la clinique de Melanie Klein, sa patiente. A la manière d’un dédoublement du moi, l’une des deux parties du moi continue a existé quasi normalement alors que l’autre se fige et s’enkyste prêt à se réveiller à l’appel d’un évènement qui fera office d’activateur du traumatisme. L’auteur nomme ce mécanisme : « auto-clivage narcissique ». D’où l’idée d’anesthésie, le sujet ne souffre plus puisqu’une partie de lui n’existe plus. Mais le trauma lui reste là, il est vivant et reste en souffrance, en attente de représentations. Pour Ferenczi la remémoration ne suffit pas il est nécessaire que le traumatisme soit revécu dans le transfert de la cure. Ferenczi, fort de son expérience d’analysant avec Freud et comme pour mettre le doigt sur ce dont elle a manqué, n’aura de cesse d’insister sur le tact et la prévenance de l’analyste dans la reviviscence du trauma dans la cure. Sans quoi, l’effet en sera aussi désorganisateur qu’il l’a été à l’époque infantile du sujet, face au désaveu de parents mutiques, l’enfant reste comme figé dans le non-dit de ce qui lui arrive.

Ferenczi en 1908 contribue fortement à la théorie psychanalytique en proposant un nouveau concept qui va bouleverser la psychanalyse : l’introjection, qui sera reprise par Freud. Avec son article « transfert et introjection », Sándor Ferenczi propose le mécanisme de l’introjection comme mouvement inverse de celui de la projection : « lorsque l’enfant exclut les « objets » de la masse de ses perceptions (…) comme formant le monde extérieur (…) il y oppose le « moi » (…), il distingue le perçu objectif du vécu subjectif, il effectue en réalité sa première opération projective, « la projection primitive » (….). Cependant, une plus ou moins grande partie du monde extérieur ne se laisse pas expulser si facilement du moi (…) Et le moi cède à ce défi, réabsorbe une partie du monde extérieur et y étend son intérêt : ainsi se constitue la première introjection, « l’introjection primitive » »[8].

Auto clivage narcissique : il y a une nouveauté dans la théorie de Ferenczi, mais il y a aussi une perceptive qui concerne plus l’expérience clinique, le transfert et contre transfert.  Freud avec le modèle de l’interprétation des rêves comme si c’était un code a beaucoup avancé. Mais dans la perspective technique il a négligé la résistance.

Confusion de langue entre les adultes et l’enfant, la langue de la tendresse et de la passion.

Ce texte a été présenté par Sándor Ferenczi lors du 12iem congrès International de Psychanalyse à Wiesbaden en septembre 1932. Notons qu’il s’adresse à un publique d’avertis. Après la lecture du texte, Freud offusqué par la conception du traumatisme qui induit une séduction réelle, demande à son ami de renoncer à la présentation du texte au congrès. Essuyant un refus, Freud n’aurait pas serré la main de son ami au moment de le quitter. Le titre de l’article est lui-même déjà objet à controverse, il pointe la confusion de langue et ses traductions sont comme un écho de cette confusion de langue, puisque le titre original est : « la passion des adultes et leur influence sur le développement du caractère et de la sexualité de l’enfant ». Traduit en anglais, pour la présentation : « The émotions of Adults and thier influence on the Developement of the sexual life and Character of Children » (les émotions des adultes et leur influence sur le développement de la vie sexuel et du caractère des enfants). En allemand le mot « émotions » se transforme en celui de « passion » : « sprachverwirrung zwischen den erwachsenen und den kind. die sprache das zärtlickeit und der leidenschaft » (Confusion linguistique entre les adultes et l’enfant. La langue de tendresse et la passion). Enfin en Français deux titres paraissent le plus souvent dont : Confusion des langues entre adultes et l’enfant, la langue de la tendresse.  Sans en dire plus notons que le journal clinique de Ferenczi est tissé de nombreuses langues, nous y trouvons de fréquents passages en hongrois, français, latin, grec et surtout en anglais.  De la même manière ce titre passe par plusieurs langues et chacune le modifie un peu.

D’emblée l’auteur nous avertis, le propos de ce texte n’englobe pas tout de ce qu’il aurait voulu présenter lors de ce congrès, il semble qu’il lui soit imposé de retenir sa pensée, d’écourter son propos, pourquoi ? Ferenczi ne le précise pas. Néanmoins il nous indique que l’année 1931 fut décisive dans ce projet, qu’en effet il avait pointé, tant sur le plan théorique et technique, ce qu’il nomme comme une régression. Selon Ernest Jones biographe de Freud, Ferenczi avait présenté cette année-là au congrès de la société Viennoise de Psychanalyse un article proposant une deuxième fonction aux rêves, non seulement relative à la réalisation d’un désir mais aussi impliquant une articulation aux traumatismes. Freud lui avait opposer une fin de non-recevoir. « La nature de leur divergence était d’ordre technique. Au vu de ses récentes idées concernant l’importance capitale des traumatismes infantiles dus, en particulier, au manque de bonté des parents, Ferenczi avait changé sa technique et jouait le rôle d’un parent aimant de façon à neutraliser les débuts malheureux de l’existence de ses patients. »[9] Dans la lettre du 13 décembre 1931, Freud s’inquiète des pratiques de Ferenczi ce qui fera dire à E. Jones que Freud était inquiet de « la détérioration progressive de l’état mental de Ferenczi »[10], Freud reprochait notamment au psychanalyste hongrois d’embrasser ses patients.

Nous verrons plus clairement en quoi cet article répond non seulement à Freud mais met en évidence l’importance de la place du psychanalyste, qui dans le transfert prend une place parentale qui lui est nécessaire d’assumer entièrement dans son contre-transfert et son désir d’analyste.

Ce que Ferenczi nome comme une régression dans la technique est le manque d’importance accordée au facteur traumatique, l’auteur pointe une technique analytique qui n’explore pas suffisamment l’origine traumatique comme événement réel de la vie de l’enfant, Ferenczi parle d’événement extérieur, comme pour pointer ce qui se passe en dehors de la psyché du sujet mais qui joue un rôle primordial dans la formation des troubles névrotiques.  Les cures de ses patients, selon lui, sont la répétition « quasi hallucinatoire d’évènements traumatiques ».[11]Et là où cette répétition devait avoir la vertu d’une purge sous forme d’abréaction elle renforçait l’angoisse. L’intégrité intellectuelle du psychanalyse hongrois lui fera dire que la résistance du patient n’est pas en cause, à l’écoute des critiques de ses patients vis-à-vis de sa posture d’analyste, vécue comme froide et insensible, l’auteur est poussé à prendre un certain recul et à faire comme il le nomme lui-même son : « examen de conscience »[12]. Il nous dit que même lorsque les patients acceptaient ses interprétations avec docilité, il soupçonnait la présence, bien que dissimulés, d’affectes agressifs à son encontre, et clairement ajoute qu’il encourage ses patients à les exprimer sans ménagement, mais cette tentative reste vaine.  Notons cependant une chose importante, que nous reprendrons : Ferenczi fait un lien entre interprétation de l’analyste et résistance. Il ajoute : que les patients perçoivent les humeurs même inconscientes de leurs analystes qui eux-mêmes dans un mouvement défensif protestent, alors, accusent leurs patients de faire erreur. Il s’agit donc d’un savoir de l’analysant sur son analyste, il y aurait, telle une communication d’inconscient à inconscient qui se jouerait là.  Ferenczi précise : « C’est seulement à des moments exceptionnels d’excitation hystéroïde – c’est-à-dire dans un état presque inconscient- que les malades peuvent amasser suffisamment de courage pour protester. »[13]

Ferenczi pionnier, ouvre le chemin aux analystes de son temps sur la question du contretransfert, pointe dans ce texte la résistance de l’analyste. Il pose une vraie question, toujours d’actualité ; indique que le devoir de l’analyste est d’avoir été analysé, ainsi, met en évidence un point de friction de la technique analytique. L’analyste qui ne passe que par l’analyse didactique, négligeant sa propre cure analytique se trouve dans l’impasse lorsqu’arrive à un point de frottement entre une cure inachevée, la sienne et un moment où la cure du patient va encore plus loin,  alors le patient est  : « mieux analyser que nous ».[14] Un conflit, alors, s’instaure au niveau de la position qu’occupe le patient vis-à-vis de son analyste et induit un contretransfert négatif du côté de l’analyste, ce qu’il nomme comme une « hypocrisie professionnelle » la solution pour Ferenczi est d’en parler directement avec son patient, pour délier la langue du patient, écrit-il. Ainsi, il nous prévient du risque encouru par l’analyste qui n’admet pas ses erreurs, déclenchant alors un orage de transfert ou une soumission totale du patient. Ceci nous pousse à penser que ces cures qui butent contre les cures inachevées de l’analyste excluent d’emblée les moments de passe possible entre patient et analyste, ou l’analyste cède quelque chose à son patient de son supposé savoir, là il n’a rien à céder.

Ferenczi nous dit que pour lui cette trouvaille a été salvatrice, il fait une analogie entre la froideur de l’analyste, qu’il taxe carrément d’antipathie dissimulée à l’égard du patient, et ce qui a fait trauma déclenchant de la névrose infantile, du patients « adultes ». Il est bien question du transfert, mais d’un transfert que l’on pourrait qualifier de surmoïque induit par la position qu’il nomme : hypocrisie professionnelle entrainant la reviviscence du trauma infantile, non pas comme un souvenir objectif mais sur un mode lui-même traumatique, qu’il appelle reproduction hallucinatoire. Nous pouvons nous demander, qu’est-ce qu’un souvenir objectif et une reproduction hallucinatoire ? Un souvenir objectif serait un souvenir vidé de sa subjectivité ? Ferenczi n’en dit rien, si objectivité s’oppose à hallucination où placer la subjectivité, c’est une vraie question.

La technique active de Ferenczi, dont il nous parle : consistant parfois à forcer le patient à se relaxer, aurait conduit celui-ci a des critiques, alors entendues par l’analyste, ainsi, lui permettant une remise en question de sa théorie. Ferenczi nous dit que la construction théorique de l’analyste ne doit pas venir boucher les impasses de la pratique, ce qui s’oppose clairement à l’idée développée par Freud  dès 1917 dans son texte « Une difficulté de la psychanalyse » Freud écrit : « Au cours de la cure psychanalytique, on donne le nom de résistance à tout ce qui, dans les actions et les paroles de l’analysé, s’oppose à l’accès de celui-ci à son inconscient » ce qu’il situe comme une des vexations psychologiques que la psychanalyse infligée à l’homme.

Pour Ferenczi, dans la pratique, la voie à suivre est clairement celle de la régression, notamment lorsque le patient traverse des moments de crise. « Le patient sans connaissance est effectivement, dans sa trans, comme un enfant qui n’est plus sensible au raisonnement mais tout au plus à la bienveillance maternelle. »[15]La bienveillance de l’analyste contient la détresse du patient, c’est en s’adressant à l’enfant dans l’adulte que l’analyste rassure son patient comme une mère contenante. Ferenczi nous dit très clairement que si la bienveillance de l’analyste n’est pas au rendez-vous, alors le patient se retrouve confronté à ce qui autrefois, dans son enfance, avait provoqué le clivage psychique dont il souffre aujourd’hui. Nous serions en mesure de nous demander si d’une certaine manière Ferenczi dans sa pratique n’était pas l’instigateur du « renforcement du moi » si postfreudien, comme une sorte de formation réactionnelle à Freud, son analyste mais aussi comme figure de père de la psychanalyse.

Néanmoins Ferenczi définit la bienveillance comme « une authentique sympathie. (..) ils la reconnaissent au ton de notre voix, au choix de nos mots, ou de toute autre manière. Quoi qu’l en soit, ils devinent, de manière quasi extralucide, les pensées et émotions de l’analyste. »[16]

Ferenczi nous dit qu’il a trois moyens pour l’adulte de s’attacher d’un enfant « s’attacher un enfant »[17] : L’amour passionné, les punitions passionnelles et le terrorisme de la souffrance. Ces trois modes conduisent toujours par leur excès à créer du traumatisme chez les enfants.

Fort de sa pratique et de son expérience Ferenczi est conduit à conclure que les traumatismes infantiles des névrosés sont issus des vécus réels. Ces traumatismes sont toujours sexuels, dans le cas de l’amour passionné des adultes. Ces traumas sont des viols et des abus, et non pas une séduction fantasmée par les enfants. Les sources soutenant la thèse du psychanalyste proviennent non pas d’adultes qui furent victimes d’agression sexuel dans leur enfance, mais de parents abuseurs se livrant sur son divan. A l’instar de Freud, Ferenczi théorise le déclenchement des névroses infantiles, non pas par l’observation directe d’enfants, mais en suivant le discours de ses patients, névrosés. Ce qui lui fera dire que ces névrosés sont « des enfants savants »[18].

Ferenczi nous dit : « J’ai pu, tout d’abord, confirmer l’hypothèse déjà énoncée qu’on ne pourra jamais insister assez sur l’importance du traumatisme et en particulier du traumatisme sexuel comme facteur pathogène. Même des enfants appartenant à des familles honorables et de tradition puritaine sont, plus souvent qu’on osait le penser, les victimes de violences et de viols. Ce sont, soit les parents eux-mêmes qui cherchent un substitut à leur insatisfaction, de cette façon pathologique, soit des personnes de confiance, membres de la même famille (oncles, tantes, grands-parents), les percepteurs ou le personnel domestique qui abusent de l’ignorance et de l’innocence des enfants. »[19] Il ne s’agit non pas d’un théâtre inconscient et fantasmatiques dont le névrosé, par le truchement de son symptôme, serait le metteur en scène mais de scènes de séduction incestueuses dont la réalité a le tranchant d’un « réel »[20] inassimilable pour l’enfant. Ferenczi souligne qu’il y a comme une sorte de confusion des sentiments, ces scènes prennent appui sur la tendresse des adultes et des enfants, une tendresse érotisée mettant en jeu pour l’enfant des fantasmes « ludiques ». L’adulte agresseur en revanche, bien que Ferenczi souligne que l’enfant et l’adulte soient liées par un sentiment d’amour, ce dernier le plus souvent en prise avec des stupéfiants quelconques ou souffrant d’une pathologie, confond jeux et désirs sexuels. L’auteur nous décrit de véritables viols de jeunes enfants, enfants à peine sortis de la première enfance qui face à l’horreur de l’intrusion qu’est un viol érigent des défenses qui tendent à s’auto anesthésier complètement. Les premières manifestations sont celles de l’opposition et du refus de ce qui s’exerce sur eux, ils sont malgré eux objets de jouissance d’adultes pris dans leur propre fantasmes œdipiens. La peur ressentie entraine des attitudes d’obéissance, ces enfants sont renvoyés à une total passivation d’eux-mêmes, alors soumis à l’agresseur ils s’identifient à lui. Nous avons là une toute première description de l’identification à l’agresseur. A partir de sa première théorie en 1908 de l’introjection, Ferenczi décrit un mouvement dans lequel l’enfant prend à son compte la culpabilité de l’adulte. Il nous dit que l’agresseur est introjecté par l’enfant ce qui a comme conséquence de faire disparaître l’agression de la réalité externe aux profits de d’une hallucination intrapsychique. Une fois introjectés, l’agresseur et la scène vécue peuvent être soumis aux processus psychiques primaires comme dans le rêve, se déploie alors une sorte de trans traumatique qui permet au psychisme de la victime, soumis au principe de plaisir de transformer le vécu soit en hallucination positive donc en faisant exister sur un mode hallucinatoire une nouvelle réalité, soit une hallucination négative qui elle consiste à faire disparaître une réalité, sorte de trou noir. Ferenczi ajoute que ce mécanisme permet à l’enfant de maintenir la tendresse initiale avec l’adulte agresseur. Nous pouvons dire que ce mécanisme de défense est extrêmement coûteux, laisse des traces psychiques importantes, le prix à payer est celui de la culpabilité ressentie par la victime qui vient renforcer la cruauté du surmoi en édictant un impératif de punition.  Quoi qu’il en soit, la confusion se fait maîtresse et dorénavant c’est elle qui règne au sein d’un moi désorganisé et clivé par l’abus. Partagé entre culpabilité et innocence, c’est l’incompréhension qui gagne l’enfant, il a devant lui un adulte bien souvent irrité de ce qu’il a commis, qui n’a qu’un souhait oublié tout cela, l’enfant à défaut d’être sidéré ne peut que se sentir coupable et responsable de susciter chez l’adulte du remord, ce qui renforce le sentiment de honte de l’enfant. Ferenczi nous dit que la plupart du temps les adultes agresseurs mettent en place ce que nous pouvons nommer comme des formations réactionnelles qui consistent tout simplement à embrasser une morale rigide et / ou des activités de type religieuses, ajoutée à un déni partiel ou total de ce qui s’est déroulé avec leur victime.

L’hypothèse que fait Ferenczi est la suivante : « la personnalité encore faiblement développée réagit au brusque déplaisir, non pas par la défense, mais par l’identification anxieuse et l’introjection de celui qui la menace ou l’agresse. »[21]Il faut différencier l’identification à l’agresseur de Ferenczi de celle décrite en 1936 par Anna Freud qui en fait un principe d’imitation, de reproduction de l’abus ou de l’agression, la victime reproduit ce qu’elle a vécu en s’identifiant à son agresseur. Rien ne dit que les abuseurs livrant leurs méfaits sur le divan de Ferenczi n’avaient été eux-mêmes des victimes d’insectes ou de viols.

La confusion des langues entre adultes et enfants, c’est justement une expérience précoce qui insuffle à l’enfant une culpabilité d’adulte, par un excès d’amour passionnel, à un moment de sa vie où il n’est pas en mesure d’y faire face. Tous les enfants sont pris dans des fantasmes œdipiens, en imagination ils souhaitent évincer les rivaux et prendre leur place pour occuper auprès des objets élus une place de choix. Evidement lorsque le fantasme, bien souvent déjà refoulé, ou encore tissé dans des rêveries imaginaires passe à a la réalité brute, les conséquences sont terribles. Cela peut engendrer le non développement de la sexualité, voir l’installation d’une perversion, une névrose ou d’une psychose.  Ferenczi note que dans tous les cas la relation au déplaisir devient dans la vie future de ces victimes impossible à exprimer, c’est comme s’ils étaient toujours fixer au trauma, un traumatisme impossible à abréagir, ils n’ont rien pu dire du vécu de déplaisir, adulte ils ne pourront s’affirmer lors d’un déplaisir. Nous pouvons pointer ici la relation au masochisme primaire, une sorte de réification du couple pulsionnel sado-masochique qui renforce la culpabilité de l’enfant. Ferenczi ne souligne pas la dimension de plaisir masochiste qui dans de telles situations pourrait être mise en route, ainsi le moi se défendrait de l’intrusion vécue..

Ferenczi fait référence à Freud et sa théorie de l’identification développée dans : Psychologie des foules et analyse du moi. Dans laquelle selon Ferenczi le stade de l’amour objectal était précédé d’un stade d’identification, qu’il renomme et qualifie de stade tendre. Freud nous dit exactement dans le chapitre 8 : Etat amoureux et hypnose de Psychologie des foules et analyse du moi : « Dans la première phase le plus souvent achevée à cinq ans, l’enfant avait trouvé dans l’un deux deus parents un premier objet d’amour sur lequel s’étayent toutes les pulsions sexuelles exigeant satisfaction. Le refoulement survenant alors imposa le renoncement à la plupart de ces buts sexuels infantiles et laisse derrière lui une modification profonde du rapport aux parents. L’enfant resta désormais attaché aux parents, mais avec des pulsion qu’il faut appeler « inhibées quant au but ». Les sentiments qu’il éprouve dorénavant pour ces personnes aimées sont qualifiés de tendres. »[22]   Freud expliquera par la suite qu’effectivement il y a, au sortir de l’Œdipe, pour la fille comme pour le garçon des identifications croisées, qui consistent en réalité à l’introjection des figures parentales, une modification du moi en résulte, ainsi l’enfant peu abandonner en partie ses objets infantiles.  Ferenczi ajoute, avec toute la finesse qu’on lui connait ; que lors de cette période d’amour tendre, si l’on impose à l’enfant un excès d’amour de nature différent de la tendresse, alors cela entraine les même conséquences pathogènes qu’une privation d’amour tendre.

Se voile derrière l’amour de transfert un désir de se libérer d’un amour jadis opprimant auquel l’adulte est identifié. Ferenczi nous dit que l’avancée d’une cure se manifeste par l’abandon des identifications qui confinent à une véritable soumission à l’objet, pour se faire le patient a, à se détacher du transfert. C’est-à-dire qu’en abandonnant le transfert aussi massif soit-il, il renonce aux identifications qu’il avait projetées en lieu et place de l’analyste. C’est tout le travail de l’analyse qui conduit à devenir apte à se départir des objets auxquels le patient est aliéné.

Ferenczi poursuit son propos en faisant un lien entre punition, qu’il appelle passionnelle, et dépression chez l’enfant. Il nous dit que lorsqu’une punition passionnelle est administrée à un enfant non-coupable cela a pour effet de provoquer des fixations et d’engendrer une dépression. Faut-il entendre sous les espèces de : punitions passionnelles, une punition qui touche de près ou de loin au sexuel en tant que tel ? En tout cas le choc que produit cette punition, semble dans ce que rapporte l’auteur avoir le même effet qu’une agression sexuelle.  Ce choc, dit-il, clive-le-moi de l’enfant, l’atteint dans sa personnalité et le fait régresser à un état pré traumatique, c’est-à-dire ; une tentative d’effacement de la scène traumatique, sorte de sidération qu’il nomme béatitude. Ce qui étonne notre auteur est qu’un tour de passe-passe prolonge cet état, une sorte de maturation instantanée se produit. Ceci, nous laisse penser que l’effacement est réussi, il y aurait donc une sorte refoulement succédant au trauma, un clivage plus exactement. D’après l’auteur, l’angoisse de la mort et la détresse qui l’accompagne agiraient comme vecteur de cet effacement provoquant ce qu’il appelle une progression traumatique qui s’exprimerait sous l’aspect d’une soudaine maturité de l’enfant. Il tire l’enseignement suivant, ces enfants pour échapper à la folie des adultes s’identifient à eux, d’une certaine manière pour lui, ces enfants soignent les adultes, Ferenczi emploie le terme « d’enfants psychiatres ».[23]

 La question qui subsiste est : que reste-t-il, en termes de traces mnésiques à l’issue de cet évènement ? Est-ce qu’il y a refoulement complet, ou est-ce que le clivage laisse indemne une partie de la personnalité pendant que l’autre reste comme anesthésiée ? Soulevons, un instant la question de l’angoisse de mort, il semble qu’elle soit consécutive du trauma. Si l’on suit la théorie Freudienne de l’angoisse de 1926 dans : inhibition, symptôme et angoisse, Freud revient sur sa première théorie de l’angoisse qui plaçait l’angoisse comme conséquence du refoulement, et décrit l’angoisse fondamentale du sujet comme issue de la perte d’amour de l’objet. L’angoisse devient un mécanisme de défense du Moi, c’est la perte de l’objet ou la menace de perte qui déclenche l’angoisse. Or devant une situation de danger se traduisant par une représentation de menace de perte ou de castration, le Moi pour se protéger refoule immédiatement la représentation en question, sans même qu’elle n’ait, vraiment, eu le temps d’émerger dans la conscience du sujet. L’angoisse cause le refoulement, elle n’est pas seulement la trace de celui-ci. Dans le propos de Ferenczi l’angoisse conséquence du trauma cause le clivage, ainsi on peut supposer que peu de traces mnésiques du trauma subsistent. Ferenczi nous dit que plus il y a répétition du trauma, plus les clivages sont nombreux, alors en résulte de nombreux fragments clivés du Moi. Ce qui engendre une confusion au sein même de la personnalité de l’enfant. Il utilise la métaphore de la fragmentation pour imager une réelle atomisation du Moi. Et donc une perte de contact avec les différents fragments. La difficulté pour le psychanalyse est de savoir lire entre ces différents fragments l’histoire du sujet.

Ferenczi en vient au troisième moyen de s’attacher d’un d’enfant : « s’attacher un enfant »,[24] Cette fois l’enfant est placé par son parent, en position d’ « aide-soignant »[25], les plaintes récurrentes de parents en souffrances sont autant d’appels de ces derniers en vers leurs enfants de leurs venir en aide, une aide que Ferenczi qualifie de substitut maternel, il s’agit donc d’une demande de maternage. Ces enfants répondent la plupart du temps à leurs parents et ainsi portent les conflits familiaux et les conflits d’adultes, pour au fond s’en dégager et avoir la paix. Une paix qui selon Ferenczi permet à nouveau d’obtenir des témoignages de tendresse.  Ce qui fera dire à Ferenczi que la tendresse de la sexualité infantile se confond avec la passion qui elle est chargée de culpabilité, la langue de l’infantile c’est la tendresse celle de l’adulte la passion et lorsque l’enfant est forcé d’emprunter la langue de la passion s’opère une stimulation exogène qui déjà à un pied dans la névrose. C’est-à-dire dans le sexuel puisque la névrose est toujours un conflit issu du sexuel et qui par un échec ou un excès de refoulement fait du symptôme et génère de la culpabilité et de l’angoisse. Le passionnel de l’adulte pris dans sa névrose vient empiéter et ravir l’innocence et la tendresse de l’enfant.

Ferenczi achève son propos en ouvrant sur une question d’ordre épigénétique. Ainsi il nous dit que la confusion dont nous parlons à comme conséquence l’introjection d’une culpabilité, puis interroge la part de sadomasochisme conditionnée par la culture. Culture qu’il relie à l’introjection de la culpabilité, c’est-à-dire que la culture prend sa source dans culpabilité qui vient des autres et qui est insuffler aux enfants constituant ainsi leur part de sadomasochisme. Puis se demande quel part de ce sadomasochisme se constitue comme une organisation propre ?

Enfin conclu en nous dévoilant la frontière assez fine entre tendresse, amour et haine. L’érotisme des adultes transforme par la culpabilité qu’il induit, l’objet d’amour en objet ambivalent chargée de haine et d’affection. Sachant qu’au stade de la tendresse, l’enfant ne peut assimiler cette dualité d’où l’effet traumatique.  La haine joue un rôle prépondérant dans le trauma elle transforme un jeu innocent en jeu coupable, il y a un retournement de la tendresse en amour coupable par le truchement de la haine. L’enfant devient un objet de haine et d’affection, il prend à son compte la haine qu’il ne peut subjectiver, la haine associée à la culpabilité biaise sa perception de la sexualité des adultes en lui conférant une dimension de lutte dont l’orgasme est une vision d’horreur, sorte de scène primitive mais cette fois, non pas fantasmer ou imaginer puis refoulée, mais dont il est l’objet. Ferenczi rappel que la sexualité infantile ne connait pas l’orgasme et au fond nous pouvons nous demander si cet orgasme dont il fait l’objet, n’est pas l’élément clé du traumatisme.

Par Margot Ferrafiat-Sebban

 

[1] Ferenczi. S, Psychanalyse IV, Œuvres complètes 1927-1933, Confusion de langue entre les adultes et l’enfant, 1932, p.134, Payot 1982

[2] Korof-Sausse, S, préface – Sandor Ferenczi, le traumatisme, p. 24, petite Biblio Payot, 2006

[3] Ferenczi, S, journal clinique, 1932, p. 142-143, Paris, Payot, 1985

[4] Lacan, J, La direction de la cure et les principes de son pouvoir (1958). Écrits. Paris : Seuil.

[5] Freud, S, Lettre à Wilhelm Fliess ,1887-1904, Lettre 123, page 546, PUF 2006.

[6] Freud, S, Lettre à Wilhelm Fliess, 1887-1904, Lettre 139, page 334, PUF 2006.

[7] Ferenczi, S, Réflexions sur le traumatisme, 1920-1932, le traumatisme, p. 40, petite Biblio Payot, 2006.

[8] Prado de Oliveira. LE, Sándor Ferenczi la psychanalyse autrement, p.45, Armand Colin, 2011.

[9] E. Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, 1919-1939, p. 186, PUF 2006

[10] E. Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, 1919-1939, p. 190, PUF 2006

[11] Ferenczi, Psychanalyse IV, Œuvres complètes 1927-1933, Confusion de langue entre les adultes et l’enfant, 1932, p.125, Payot 1982.

[12]Ibid., p.126.

[13] Ibid., p.126.

[14] Ibid., p.127.

[15] Ferenczi, Psychanalyse IV, Œuvres complètes 1927-1933, Confusion de langue entre les adultes et l’enfant, 1932, p.129, Payot 1982

[16] Ibid., p.129.

[17] Ibid., p.133.

[18]Ibid., p.133.

[19] Ibid., p.129.

[20]  Le réel est définit comme ce revient toujours à la même place, et ce qui est hors symbolique)

[21] Ferenczi. S Psychanalyse IV, Œuvres complètes 1927-1933, Confusion de langue entre les adultes et l’enfant, 1932, p.131, Payot 1982.

[22] Freud. S, Essai de psychanalyse – Psychologie des foules et analyse du moi, 1921, p. 196, petite Bibliothèque Payot, 2001.

[23] Ferenczi. S, Psychanalyse IV, Œuvres complètes 1927-1933, Confusion de langue entre les adultes et l’enfant, 1932, p.133, Payot 1982

[24] Ibid., p.133

[25] Ibid., p.133.

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